De retour sur le blog avec des images plein les poches !
Il y a donc à peu près trois semaines, je visitai les châteaux de Louis II de Bavière...
Première impression, une fois sur le site : bondé.
Un exemple de parking... sachant qu'il y en a un beaucoup plus grand en contrebas.
Le site est extrêmement touristique et ressemble plus à une usine qu'à un site romantique construit par un roi mégalomane et romantique, à défaut d'être fou...
Maintenant, le quart d'heure culturel, pour replacer dans le contexte :
Louis II de Bavière est né au château de Nymphenburg en 1845. Fils de Maximilien II de Bavière et de Marie de Hohenzollem. Il devient roi à la mort de son père, à 18 ans. Hohenschwangau est le château dans lequel il passe la majeure partie de son enfance. Entièrement décoré de fresques représentant des légendes germaniques, situé à Füssen, quasiment à la frontière de l'Allemagne, de l'Autriche et de la Suisse, richement décoré, il va fortement influencer l'imagination du jeune prince.
Le château de Nymphenburg, à l'est de Munich
Plus tard, négligeant la politique et les intrigues du pouvoir, il dépense sans compter pour se construire un monde de beauté et de culture, ignorant les manigances de ses ministres et conseillers pour l'évincer du trône. La construction de ce monde coûte cher à la Bavière, et certains voient également dans leur intérêt personnel de stopper les dépenses excessives. Plusieurs médecins sont donc mandatés pour certifier de la folie de Louis II, chose facilitée par quelques cas de folie connus dans la branche maternelle de la famille, le propre frère de Louis II, Othon, étant faible d'esprit. Un fait intéressant : aucun de ces médecins n'a examiné le roi, se contentant de prêter une oreille complaisante à des témoignages souvent mensongers...
Le roi est arrêté dans sa chambre à Neuschanstein en 1886, après plusieurs tentatives de la part de son gouvernement. Il est ensuite interné au château de Berg, près duquel il est retrouvé mort noyé au côtés de son psychiatre, également noyé, dans le lac Starnbergersee. Il n'y a toujours pas de certitude ferme quand à la cause de la mort : suicide, accident, meurtre ?
De son vivant, Louis II de Bavière s'était pris d'affection, et même de passion, pour la musique de Wagner et ses opéras mettant en scène les légendes germaniques qui avaient bercé son enfance. Ceci mena à une amitié profonde entre les deux hommes, bien que des tensions politiques les aient obligés à se séparer. Cependant, cela n'empêcha pas Louis II d'équiper ses châteaux de toutes sortes d'installations dédiées à Wagner, dont la célèbre grotte de Vénus à Linderhof et de nombreux pianos et clavecins construits spécialement à son intention, sur laquelle malheureusement, il n'a jamais pu jouer.
Et maintenant, place aux photos : malheureusement, impossible d'en prendre à l'intérieur (pas certaine qu'on en ait eu le temps de toute façon, vu la cadence de la visite).
Voilà donc Hohenschwangau :
Hohenschwangau vu du chemin
Le château est une suite de petites pièces intimes : la plus grande est -naturellement- la salle à manger. Un étage est réservé à Madame, un autre à Monsieur. Un escalier secret rejoint naturellement les deux séries d'appartements.
Un bâtiment particulier - aujourd'hui transformé en boutique - était réservé aux serviteurs et précepteurs des jeunes princes. Un autre, que l'on peut voir à droite de la photo, est une chapelle privée.
Hohenschwangau vu des jardins
Le château possède des jardins à son image : intimistes mais luxueux. Le cygne (=Schwan), symbole du lieu, s'y retrouve à quelques reprises, de même qu'à Neuschwanstein.
La fontaine du cygne
Dans les recoins, des pièces mystérieuses...
Une autre fontaine...
Autre vue des jardins
L'architecture du château est à mi-chemin entre l'accumulation du baroque et le style château fort. La couleur jaune crème-à-la-vanille donne un petit charme supplémentaire.
A noter, les symboles de la Bavière présents un peu partout : sur les murs en fresque (blason complet au-dessus de la fenêtre au fond à gauche sur cette photo, sur la fontaine, sur la tour de la vue du chemin) mais aussi, plus discrètement, sur les stores bleus rayés de blanc. Le "vrai" symbole est le motif de losanges bleus et blancs que l'on peut voir sur le bouclier représenté à gauche sur la fontaine.
Echt Bayrisch !
Mais l'heure est presque venue de repartir pour le deuxième château, le plus connu de tous les châteaux de Louis II, qui aurait inspiré Disney pour la Belle au Bois Dormant... Neuschswanstein.
Alors une dernière photo...
Neuschwanstein... vu de Hochschwangau
Pour accéder à Neuschwanstein, il faut redescendre tout le chemin... puis remonter. Des calèches sont là, mais je préfère grimper à pieds.
Une fois en haut...
Des murailles devant lesquelles on se sent tout petit... Mais tout semblle fait de béton grisâtre, pas du tout le blanc lumineux que nous montrent toutes les photos ultrasaturées vendues sur les étals en bas dans la vallée et sur tout le long du chemin par ailleurs.
Faisons le tour pour arriver au portail d'entrée :
... qui, il faut l'avouer, est loin d'être une merveille. Brique rouge + pierre grise = couac esthétique.
Et qui en plus, est plein à craquer de touristes de tous poils et de tous âges.
Une fois entrés, la cour du château ... finalement, l'entrée n'était pas si bondée que ça. Et les bâtiments s'avèrent... décevants. Tout semble faux et construit à la va-vite pour un film mal documenté. Les murs sont de béton gris, d'une teinte déprimante et "cheap". Et l'envers de la porte d'entrée est du jaune d'Hohenschwangau... Eurk. De nombreux échafaudages achèvent de bâcler la première impression. Heureusement, ils n'apparaissent pas sur la photo.
La cour de Neuschwanstein
Le moment de la visite arrive. Et là... merveilleuse stupéfaction. L'intérieur est magnifique, un vrai château de contes de fées. A quelques horreurs près, comme la chambre bleu roi aux meubles gothiques d'ébène, celle-là même où il a été arrêté. Toujours pas de photo à montrer : il faudra que vous y alliez vous-même...
L'architecte s'est fortement inspiré d'un autre château fort de la région ; apparemment, Louis II voulait absolument voir lui-même tous les plans ! La plupart des salles et des corridors présentent des fresques issues de légendes germaniques.
A l'intérieur se trouvent une salle du trône gigantesque et éclectique... représentation pour Louis de la monarchie absolue dont il rêvait, à l'image de celle de Louis XIV, son idole. Un trône immense dans une salle grandiose, dans laquelle on retrouve des représentations bibliques associées aux figures de réincarnation bouddhiques... Pas un centimètre carré sans fresque ou dorure. Un peu plus loin, une salle de réception également grandiose exhibe sur un mur une fresque représentant une forêt pleine d'animaux... surréaliste. Mais beau, et attendrissant, en un sens. Une vie passée à la poursuite d'un rêve...
Finalement, après une autre visite chronométrée à la seconde au pas de course, il a fallu repartir... en ne voyant plus tout ce gris du même oeil. Quelle beauté à l'intérieur...
Et comme pour repartir avec un dernier cadeau, la plus belle façade du château s'offre au visiteur sur le chemin du retour...
Adieu Neuschwanstein !